Quand ça fait mal


La douleur est une expérience universelle, nous ne survivrions probablement pas très longtemps sans elle. La douleur est donc une partie essentielle de notre vie/survie; elle nous motive à être sécuritaire et prendre soin de nous-mêmes. On estime qu’au Canada 18,9% des adultes vivent avec de la douleur chronique. Il s’agit de douleur qui persiste bien au-delà du temps de guérison des tissus, c’est-à-dire plus de 3 à 6 mois.
En résumé, c’est une dysfonction de notre système de douleur, un peu comme notre système digestif peut mal fonctionner à l’occasion, le système de douleur peut en engendrer trop ou pas assez. Lorsque le cerveau se met à produire trop de douleur, nos neurones sont alors hypersensibles. L’expérience de la douleur est un sujet fascinant pour tous les professionnels qui la côtoie. L’histoire est bien différente pour ceux qui vivent constamment avec elle. Toutefois, il est pratique de la comprendre peu importe le point de vue. De nombreuses croyances populaires sont fausses par rapport à la douleur. Voici donc un article qui éclaircira ce qui se passe quand on a mal.
Comment fonctionne la douleur
La douleur est le produit de ce que nos récepteurs perçoivent dans notre corps et de ce que le cerveau en conclu. Il s’agit de notre système d’alarme. Si une partie du corps est déjà blessée, la douleur sera présente plus facilement afin de nous inciter à protéger cette blessure pour l’aider à guérir. Ce mécanisme de protection devrait disparaître en quelques semaines, le problème survient lorsque ce dernier ne s’en va pas. On pourrait comparer cette hyper-sensitivité à un détecteur de fumé qui part lorsqu’on allume une chandelle ou, pire encore, lorsqu’il n’y a pas de fumée. On parle alors de douleur chronique.
À noter qu’il est impossible de mesurer la douleur à l’aide d’un instrument. Personne, sauf vous, ne peut savoir la douleur que vous ressentez. En clinique, nous utilisons une échelle sur 10 pour mieux se comprendre.
La douleur, c’est dans votre tête
C’est vrai! Littéralement, la douleur est dans notre tête. C’est un sujet malheureusement tabou, car on pourrait penser que cela minimise l’expérience d’un individu ou que ça veut dire que la personne imagine sa douleur, ce qui est loin de la vérité. C’est le cerveau qui reçoit les différents messages du corps et les analysent pour nous faire ressentir la douleur. Les dommages aux tissus ne sont pas nécessairement dans la tête, mais l’expérience de la douleur est bel et bien le produit du cerveau. En considérant cela, on peut mieux comprendre comment dans une situation d’urgence on ressent moins la douleur. Par exemple, si on met le pied sur une punaise alors qu’on se sauve d’un ours, on risque de ne pas sentir la punaise. L’inverse est aussi vrai, si on se blesse alors qu’on est déprimé ou encore stressé, la douleur peut paraître pire. Le cerveau est donc capable de sécréter lui-même les substances nécessaire à enlever, diminuer ou augmenter la douleur.
L’intensité de la douleur ne reflète pas la gravité de la blessure
Comme mentionné plus haut, le cerveau analyse les facteurs très rapidement avant de nous faire percevoir la douleur. La douleur sera perçue comme étant moins intense en situation de survie ou lorsqu’on croit que c’est pour notre bien, c’est-à-dire lors d’un entrainement, d’un accouchement ou d’une séance de physiothérapie. Les facteurs qui empirent la douleur sont propres à chacun et même les circonstances d’une blessure peuvent affecter l’intensité et la durée de la douleur.
En conclusion, un monde sans douleur n’est ni réaliste, ni pratique. Le fait d’avoir mal devrait être considéré, d’abord et avant tout, normal et désirable afin qu’on évite de se blesser ou d’empirer notre état. Selon les limitations que la douleur provoque, elle devrait nous motiver à consulter un professionnel pour exclure une cause grave et pour trouver des solutions durables à notre problème. On se doit d’écouter notre corps lorsqu’il nous dit que quelque chose cloche. Cependant, la douleur devient problématique lorsqu’elle est présente de façon constante sur plusieurs mois et que tous les traitements ont échoués à nous soulager. Il est possible d’utiliser son propre cerveau, ses propres perceptions pour vaincre la douleur chronique. Si la douleur persistante fait partie de votre réalité, vous êtes invités à consulter le lien du site ”Retrain Pain”.
Références
Voici un lien très pertinent qui donne un récapitulatif en image d’où vient la douleur chronique et qui propose des pistes pour aider les personnes qui en souffrent. Une fois sur le site web, vous n’avez qu’à cliquer sur le rectangle qui dit français puis commencez les leçons dans l’ordre. Elles se font rapidement. :
http://www.retrainpain.org/lessons#anchor-link-FRENCH
Benetti et al. (2013). Pain as a reward: changing the meaning of pain from negative to positive co-activates opioid and cannabinoid system. Pain.
Geuter et al. (2013). Facilitation of pain in the human spinal cord by nocebo treatment. Journal of Neuroscience.
Schopflocher,D., Taenzer, P., & Jovey, R. (2011). The prevalence of chronic pain in Canada. Pain Research and Management, 16(6), 445-450.